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RSE, la penser et la vivre : des concepts à la pratique

24 octobre 2017
RSE, la penser et la vivre : des concepts à la pratique

Ils présentent le poster qu’ils viennent d’élaborer en sous-groupe. La consigne qui leur a été donnée est la suivante : « Proposer un moyen permettant de réduire le gaspillage alimentaire lors de la prise des repas au self. »

Ce challenge pourrait paraître bien modeste, à ceci près qu’il implique des personnes qui pour la plupart ne maîtrisent ni la lecture ni l’écriture et n’ont aucune expérience de la prise de parole devant un public. C’est Didier, celui qui lit et écrit le mieux qui s’exprime :

« Nous ne voulons rien imposer mais gentiment inciter les collègues à se faire servir en fonction de leur faim. »  

Sur un poster sont dessinées des denrées alimentaires, des personnes, des affiches, du matériel de cuisine… Didier, désignant du doigt des dessins représentant des portions plus ou moins importantes, ajoute :

« Chacun devra dire à celui qui nous sert, la portion qu’il choisit … »

De cette façon il nous décrira tout un processus permettant de limiter le gaspillage, allant de l’information à prodiguer aux serveurs, à la sensibilisation à réaliser auprès des collègues, en passant par des moyens techniques simples mais efficaces comme le fait de disposer de 3 louches de contenance différente…

Comment, lors d’une formation, nous en sommes arrivés à ce projet ? 

Depuis plusieurs années, le Grieps propose des formations visant à sensibiliser et former l’encadrement des établissements des secteurs sanitaire et médicosocial, mais également les professionnels de terrain aux principes et à la mise en œuvre d’un projet RSE.

L’expérience qui vous est présentée représente un véritable défi, à plusieurs titres.

En effet, comprendre les principes de la RSE n’est pas toujours chose aisée. Des notions telles que la redevabilité ou la prise en compte des parties prenantes deviennent rapidement très abstraites si elles ne sont pas illustrées de façon concrète.

De plus, le public concerné ne peut travailler en milieu ordinaire. Des difficultés liées à sa capacité d’apprentissage, de concentration, de communication représentent autant d’obstacles. Beaucoup ne maîtrisent ni la lecture ni l’écriture.

Comment trouver le rythme qui convient afin que chacun reste « connecté » ?

Quelles méthodes pédagogiques sont adaptées pour transmettre et communiquer ?

Comment adapter les contenus pour les rendre compréhensibles ? 

Surtout comment intéresser, voire passionner, en évitant les pièges de la condescendance ou de l’infantilisation ?

Et enfin comment pousser à l’action pour générer un changement de comportement plus responsable ?  

Notre proposition mentionnait des exemples des contenus qui seraient transmis :

  • Le volet environnemental :
    • la minoration de son empreinte écologique : énergies, pollutions, ressources naturelles…
    • le recyclage des produits : services associés. 
  • Le volet économique :
    • le soutien de l’économie verte et équitable : achats responsables, respect des droits de l’homme là où sont produits les articles achetés…
    • l’aide à la réinsertion par l’activité économique…
  • Le volet social :
    • le niveau interne : égalité de traitement, accès à la santé, dialogue social, préservation de la vie privée…
    • le niveau local : développement d’activités au niveau de sa commune, bien vivre ensemble dans son quartier …
  • La gouvernance responsable :
    • les façons de gouverner en donnant la parole aux ouvriers ?

Chaque participant devait pouvoir se projeter dans sa structure : atelier menuiserie, peinture, blanchisserie, jardin…

Quelles sont les méthodes pédagogiques mises en œuvre et les contenus abordés qui ont soutenu l’animation ?

Les quiz interactifs réalisés sous forme de jeux ont fait l’unanimité !

Le principe était le suivant : nous avons constitué 2 équipes « concurrentes ». Chacune des équipes obtenait un score en fonction de ses réponses. Les quiz présentaient des difficultés croissantes.

Les participants sont devenus incollables ! Quelle ampoule choisir, pour quelle pièce et quel usage ? Quelle est l’ampleur de la pollution générée par une seule pile jetée aux égouts ? Comment choisir ses denrées de façon responsable… ?

Des vidéos à visée pédagogique, expliquant le traitement de nos déchets, le recyclage de certains matériaux, la manière de réaliser soi-même son compost, le traitement des eaux usées… 

Des reportages, dont certains sur les écoquartiers et l’écocitoyenneté. L’un d’eux, qui mettait en évidence l’énorme gaspillage que produit notre façon de consommer a poussé les participants à spontanément reconsidérer leurs habitudes (achats de légumes en vrac plutôt qu’emballés, gestion des dates limite de consommation…).

L’idée est que chaque « mauvaise habitude de notre part participe à un processus qui engendre des situations choquantes (destruction à la javel de denrées encore consommables sur les lieux même où des personnes ont à peine de quoi se nourrir dans nos villes françaises…) ».

Ces vidéos étaient suivies de débats. Par ces contenus, ont été abordés le « bien vivre ensemble », l’économie de fonctionnement, l’équilibrage « Nord Sud » , la démocratie participative au sein des entreprises et des quartiers et lieux de vie et bien d’autres notions qui peuvent être ramenées à des considérations très simples et pragmatiques.

Les participants en sont alors arrivés à la fin de la formation en s’attachant à transférer ces acquis dans le cadre de leur milieu professionnel : comment mettre en œuvre ces principes sur leur lieu de travail ?  

Tout au long de la formation, les groupes se sont montrés très enthousiastes. Bien sûr il ne s’agit là que d’une sensibilisation. Il sera nécessaire de régulièrement revenir sur certaines pratiques vertueuses afin que celles-ci deviennent la référence sur les lieux de production.

Ce retour d’expérience démontre qu’il est possible, en formation, de rendre accessibles des notions souvent jugées complexes et abstraites en utilisant les méthodes pédagogiques et les contenus adaptés au public ciblé.

Ces retours positifs nous confortent, au sein du GRIEPS, dans nos approches pédagogiques à la fois ambitieuses, humanistes et pragmatiques, valorisant les participants pour un changement individuel et collectif à la hauteur des enjeux, en particulier ceux de la RSE.

Auteur : Rodolphe LELOUP

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