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Techniques d’Activation de Conscience (TAC), du mouvement dans l’hypnose

14 juin 2022
Techniques d’Activation de Conscience (TAC), du mouvement dans l’hypnose

Le terme « hypnose » a évolué pour s’orienter vers la dénomination de « Techniques d’Activation de Conscience » (TAC), soulignant le caractère dynamique et actif de cette pratique. Ces techniques nécessitent des formations reconnues et validées ouvertes aux professionnels médicaux et paramédicaux. Depuis 5 ans, un diplôme universitaire spécifique aux TAC est proposé à l’université Paris-Sud-Saclay.

Ces techniques sont indiquées et reconnues dans la gestion des douleurs aiguës et chroniques. Appliquées dans un cadre thérapeutique, elles sont un outil complémentaire dans la prise en charge de nombreux autres symptômes (anxiété, phobies, dépression, gestion du stress, addictions, énurésie…). Elles ont également leur place dans certaines chirurgies, dans l’accompagnement des soins anxiogènes ou douloureux, les pathologies chroniques, les addictions et les préparations sportives ou artistiques.

Les TAC s’appuient sur un protocole plus simple, sollicitant l’agentivité du patient et ses ressources.

L’appropriation par ce dernier de ce nouvel outil s’en trouve alors facilitée dès la première séance, de même que sa réutilisation en « auto-activation », lorsqu’il en éprouve le besoin.

M. P, 50 ans, vient pour « sa peur de prendre la parole en public ». Raide et figé, je lui propose finalement un exercice avec un positionnement préétabli, les deux mains au niveau du menton, correspondant à son niveau d’inconfort. Un souvenir d’apprentissage accompagne la descente progressive de ses mains. Lors d’une deuxième séance, il se déclare satisfait des exercices d’autoactivation pratiqués. Il s’est approprié l’exercice mais en modifiant le geste : il place ses mains sur son ventre, parce que « plus facile à réaliser en réunion ou en public ».

Cette simplification permet également aux professionnels de santé d’intégrer rapidement cet outil pratico-pratique à leur savoir-faire quotidien. Il est adapté aux domaines de compétences habituelles des soignants, et au contexte du soin. L’alliance et la relation thérapeutiques demeurent essentielles. Elles permettent de construire un espace d’échange et de confiance dans lequel le patient pourra réaliser en sécurité un travail créatif, sensoriel et émotionnel ; dont l’objectif est d’entraîner un changement continu vers un confort, à son rythme et au regard de ses valeurs.

Véritable fonction cognitive et motrice selon le neurophysiologiste Alain BERTHOZ, l’attention est au centre du processus d’activation. Le mouvement et la proprioception ont également retrouvé une place privilégiée dans la pratique des TAC ; une synchronisation musculaire, neurologique et cérébrale est favorisée. L’exercice peut s’appuyer sur des mouvements proposés par le soignant ou des mouvements spontanés du patient.

Chez le sujet âgé, les relations avec le corps peuvent s’être modifiées au fil des ans ou des événements médicaux.

Mme J, 89 ans, se sent figée par sa peur de tomber et des douleurs chroniques. Elle place spontanément ses mains « en ballon » devant elle à l’évocation de son inconfort. Je lui propose d’utiliser ce mouvement pour débuter le processus d’activation et de laisser émerger le souvenir d’une action. L’exploration du moindre changement dans sa présence musculaire se poursuit en lui proposant de réduire l’espace entre ses mains et se finalise par la descente progressive de ses bras vers une position plus confortable. Mme J s’est progressivement redressée. Elle termine l’exercice en m’annonçant en souriant, qu’elle était repartie sur le site de Pétra en Jordanie et qu’elle avait gravi les 800 marches conduisant au monastère. Elle m’informe par la suite qu’elle s’oriente vers la pratique du Tai Chi. Une dynamique s’est enclenchée et la force qui se réveille donne l’envie d’apprendre de nouvelles compétences, à tout âge.

Partir de la présence musculaire du patient, de son langage corporel pour réaliser un exercice, lui permet de favoriser son investissement, son « engagement actif » pour reprendre le terme utilisé par le neuropsychologue Stanislas DEHAENE, dans les quatre piliers de l’apprentissage.

M. C, 73 ans, est hospitalisé en réanimation pour COVID. À mon arrivée, il est intubé, ventilé, réveillé. Il présente de nombreuses escarres, conséquences des nombreux décubitus ventraux des semaines précédentes d’hospitalisation, qui nécessitent des soins réguliers. Lors de la réfection de ces pansements très douloureux, les soignants sont dans l’obligation d’administrer des doses d’antalgiques et/ou des sédations importantes afin de le soulager au mieux et de lui apporter le confort nécessaire – à noter la particularité de la prise en soin des patients dans cet environnement anxiogène d’un service de réanimation avec tous les bruits des machines et les soignants dont on ne distingue que les yeux.

Ce jour-là, après avoir demandé à son épouse quelles sont les ressources de son mari, j’apprends qu’il affectionne beaucoup la musique classique. Lors de la réfection des pansements d’escarres, je m’approche de M.C et commence à lui parler en utilisant les outils des TAC. Je lui propose de focaliser toute son attention sur la playlist de musique classique que nous a transmise la famille. Et pendant qu’avec ma collègue nous nous occupons des pansements, le patient tout en fermant les yeux, et battant la mesure avec son index se retrouve à vivre ce soin de manière confortable et apaisante. Nous n’avons pas eu besoin d’administrer des doses de sédation qui souvent peuvent entraver le bon déroulement du sevrage ventilatoire du patient intubé, ventilé.

À partir de ce jour, à chaque réfection de pansement d’escarres, le patient s’autoactive afin de vivre ce soin de manière plus confortable et utile pour lui.

Chaque patient peut être accompagné au travers d’exercices simples et une approche personnalisée, afin de mobiliser ses ressources, une nouvelle dynamique et retrouver plus d’autonomie.

Durant la pandémie, je remarque dans le service, une étudiante infirmière qui commence à pleurer, tremblant de tout son corps car épuisée physiquement et psychologiquement. Je lui propose de me suivre dans une pièce à l’écart et l’accompagne avec son accord dans un exercice d’activation, afin de l’aider à gérer ces émotions. Cet exercice a pu l’apaiser et lui a permis de poursuivre le cours de sa journée. La semaine suivante, elle me raconta faire l’exercice d’autoactivation dès qu’elle en ressentait le besoin car ce dernier l’aidait à gérer les émotions inconfortables et qu’il était très facile à utiliser durant la journée de travail.

Faire confiance dans les propres schémas de fonctionnement de la personne et lui faire prendre conscience du dynamisme de ses potentialités sont des clés pour une technique simple et efficace. Chaque professionnel de santé peut se former aux TAC, afin d’acquérir des compétences complémentaires pour améliorer la prise en soins des patients et s’approprier, créer des exercices à « autopratiquer » dans son quotidien. Car le confort des soignants est également primordial.

Auteur : Aurore BURLAUD, Gériatre, Praticienne Hypnose et TAC – Patrick MARTIN, Psychomotricien, Praticien Hypnose et TAC – Nathalie VIEIRA, Infirmière, Praticienne Hypnose et TAC

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