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La simulation pour développer la flexibilité cognitive : y aviez-vous pensé ?

1 août 2018
La simulation pour développer la flexibilité cognitive : y aviez-vous pensé ?

Cerveau

  • Quels sont les systèmes cognitifs convoqués dans le traitement des situations ?

Dans les années 2000, le psychologue Daniel Kahneman met en évidence deux systèmes cognitifs régissant notre façon de penser et de décider : le Système 1 ou heuristique, ultra-rapide, intuitif et émotionnel et le Système 2 ou algorithmique, analytique, plus lent, plus réfléchi, plus contrôlé et plus logique.

Plus récemment en 2014, Olivier Houdé[1] identifie le système de l’inhibition cérébrale dit système 3, sous-tendu par le cortex préfrontal. Pour ce chercheur, ces 3 systèmes cognitifs entrent sans cesse en compétition au décours des situations qui viennent à nous. C’est le combat entre les heuristiques sensorielles comme par exemple, les illusions d’optiques, les heuristiques de raisonnement comme le fait d’être plus attentif à la conclusion d’un raisonnement qu’à la validité de son déroulé et les heuristiques dites égocentrées comme penser à partir de son prisme, de son angle de vue, de ses préjugés… Ce système permet l’arbitrage, au cas par cas, entre les deux premiers.

  • Qu’est-ce que la flexibilité cognitive ?

C’est la capacité de contrôler ou bloquer le système 1 régissant nos stratégies spontanées, stratégies pouvant amener des erreurs de raisonnement. « Il faut entraîner le cerveau à résister aux automatismes de pensée, être capable de passer de l’automatisme à l’analyse, d’une zone du cerveau à une autre » dit l’auteur en ajoutant « qu’entraîner à cette flexibilité est le rôle de l’école et de la formation par conséquent » ! Développer la résistance cognitive, c’est développer sa capacité d’autocritique et de retenue. Ceci s’entraîne même déjà à l’enfance par tous un tas de jeux de patience et de coopération. Ceci s’exerce encore à l’âge adulte par l’entraînement et la conscience réflexive de nos fonctionnements.

Systemes cognitifs

  • Construire des scénarios pour générer des algorithmes fiables et pertinents

C’est tout l’enjeu de la simulation qui vise à faire passer les connaissances déclaratives intégrées dans les mémoires sémantiques, épisodiques en connaissances organisées pour l’action dans la mémoire procédurale à long terme. Apprendre comme l’avait dit Piaget, c’est construire des schèmes, des algorithmes grâce à la confrontation de situations à fort potentiel de développement. Ici, les scénarios peuvent être pensés au niveau cognitif « Appliquer » selon la taxonomie de Bloom revisité. Il s’agit dans cet objectif, de s’entraîner à construire ses schèmes d’action efficaces. Par exemple : savoir réaliser tel ou tel acte, appliquer telle ou telle procédure…

  • Construire des scénarios pour entraîner la capacité d’inhibition

C’est l’inverse ! La simulation est essentielle pour faire apprendre, de façon explicite, à résister à ses automatismes qui peuvent être des biais de raisonnement bien connus dans la clinique comme le biais d’ancrage ou de biais de confirmation[2]. Ainsi, c’est le cas des scénarios conçus au niveau cognitif « Analyser/Évaluer ». En effet, dès le briefing, l’apprenant se fait une première image d’une situation clinique à laquelle il va être confronté. Mais, en contact avec la situation, il va devoir alors faire l’effort d’inhiber cette première représentation, ses heuristiques pour analyser, évaluer et proposer un algorithme efficace pertinent.

La simulation est essentielle car les erreurs sont persistantes et certaines d’entre elles referont souvent surface, tant elles sont le fruit de connections synaptiques solides et longuement sollicitées ! Il en faudra des séances de simulation pour apprendre progressivement à construire de nouveaux réseaux synaptiques plus performants.

Ainsi, tout l’art du briefing porte sur ce switch : aller/retour entre les heuristiques et algorithmes appelé flexibilité cognitive. « Muscler l’inhibition cérébrale permet de dépasser les erreurs persistantes ! » nous dit Olivier Houdé. 

Cibles Objectifs apprentissage

  • Qu’est-ce que l’on fait bouger dans le cerveau quand on apprend ?

Ainsi, la simulation est un apprentissage performant à plusieurs titres.

  1. Au niveau du cerveau, pour mémoriser, elle permet de déploiement de dendrites à la recherche de connexions faisant les liens entre les savoirs d’un système de mémoire à un autre.
  2. Elle permet par la répétition, le renforcement des connections synaptiques des schémas d’action ou algorithmes logiques pour une rapidité d’exécution et du traitement de l’information, c’est l’automatisation.
  3. Avec l’entraînement à l’inhibition d’heuristiques inappropriées, elle permet la flexibilité cognitive qui permet l’intelligence.
  • Pour conclure

Même les adultes expérimentés, les spécialistes font des erreurs, justement par manque d’activation du système 3.

L’enjeu est d’en être conscient, de prendre conscience de nos heuristiques prégnantes, de s’entraîner à l’inhibition, pour nous ouvrir à une plus grande intelligence aux autres et, aux situations.

Cela devient un nouvel objectif pour tout formateur.

Le GRIEPS dans ses formations Simulation en Santé est très attaché à caractériser en quoi les dispositifs de formation, les conditions de celles-ci, les postures et styles d’animation du formateur participent à un apprentissage de qualité durable.

Au plaisir sur l’un de nos modules !

 

[1] Houdé Olivier Apprendre à résister,  éditions Le Pommier, 2017. Chercheur,  professeur de psychologie du développement à l’université Paris Descartes 

[2] Biais d’ancrage biais cognitif qui pousse à se fier à l’information reçue en premier dans une prise de décision.

 Biais de conformation : biais cognitif qui consiste à privilégier les informations confirmant ses idées préconçues ou ses hypothèses (sans considération pour la véracité de ces informations) et/ou à accorder moins de poids aux hypothèses et informations jouant en défaveur de ses conceptions

Auteur : Hélène BELOU

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