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Le GRIEPS accompagne « Les Vergers »

5 janvier 2020
Le GRIEPS accompagne « Les Vergers »

Un dispositif pédagogique autour d’un questionnement

Le processus a permis aux professionnels de développer une vision et une compréhension communes de leur contexte de travail actuel et en devenir. De cette réflexion, il a pu être engagé une projection des pratiques professionnelles à partir d’hier, et de celles d’aujourd’hui pour demain, identifier et nommer les pratiques à maintenir, à renforcer et à déployer.

Ce questionnement du travail réel a croisé les pratiques avec les réponses souhaitées par les résidents, les professionnels et les situations de travail, et a fait émerger la question de la cohérence des pratiques avec les logiques professionnelles enclenchées.

La dynamique de « reliance » proposée par les professionnels des Vergers s’articule entre :

  • les pratiques importantes justifiées par la logique hospitalière portées par les normes, la thérapeutique, le soin, les habitudes et usages hospitaliers.
  • et les pratiques essentielles qui s’inscrivent dans une logique humaniste et éthique où sera recherché « le bon, le juste, le bien », en accord avec le chemin choisi par le résident ou/et les professionnels. La finalité du choix est de garantir ce qui est le plus pertinent au regard des éléments connus.
  • Ce questionnement met en exergue de nouvelles compétences qui font échos aux évolutions des populations accueillies.

La question des compétences

Dans la logique hospitalière, les compétences mises en œuvre répondent à la catégorisation :

  • Compétences techniques. Elles renvoient à ce que nous apprenons, pouvons acquérir par la formation, l’expérience. Ces compétences nous les stockons et nous les réutilisons de manières adaptées pour gérer des situations connues ou nouvelles grâce à des processus que nous connaissons.
    • Ce sont celles qui sont acquises pendant la formation initiale et renforcées par la pratique professionnelle.
  • Compétences comportementales. Elles sont  liées à notre personnalité. Elles déterminent notre manière d’agir face à une situation, et ce que nous allons faire des autres compétences à solliciter. Nous ne pouvons pas les apprendre aussi simplement que les compétences techniques car elles relèvent d’un processus plus complexe. Nous pouvons les faire évoluer consciemment ou inconsciemment dans le temps.
    • Ce sont celles qui sont demandées de mettre en exergue dans le cadre de la pratique professionnelle et de la formation initiale pour correspondre aux attendus d’interrelations. Ce sont celles qui permettent de mettre en œuvre la posture d’accompagnement.​Compétences citoyennes. Elles nous permettent de vivre ensemble, y compris au travail. Elles relèvent de notre construction intime au monde et à la société. Alors que les compétences comportementales se déterminent notamment dans notre rapport aux autres individus, les compétences citoyennes montrent notre positionnement en tant qu’individu faisant parti d’un groupe social. Ces compétences sont en lien avec nos croyances et visions que nous avons de la société et du rapport que nous entretenons.
    • Ce sont celles qui sont travaillées lors du processus de formation en développement personnel, sur le travail des valeurs professionnelles par exemple et repris dans la justification des fonctionnements des équipes de travail.
  • Compétences cognitives. Elles nous permettent d’apprendre, de réfléchir et d’interagir. Nous pouvons les définir comme les compétences qui nous permettent de nous adapter spontanément pour atteindre notre objectif.
    • Elles sont sollicitées dans le cadre normatif de la vision du soin hospitalier. La réflexion et l’interaction sont profondément liées aux schémas mentaux conscients et inconscients construits et élaborés pendant le temps de formation initiale, les attendus de l’institution hospitalière et la vision sociétale. (ex de schéma mental : les processus et protocole de soins).

Les professionnels des Vergers parviennent à mobiliser ces compétences pour répondre aux situations de travail rencontrées. Pour autant ces compétences attendues ne sont pas suffisantes car elles ne permettent pas de répondre à l’ensemble des situations de travail rencontrées et de produire de la performance de façon continue. La non-performance se manifeste par les décalages entre les attendus et le réalisé, les moyens mobilisés et le résultat, par les actes manqués, les objectifs non atteints. Les écarts mesurés entre ce qui est mobilisé et ce qu’il faut pour être performant s’expriment chez les professionnels par un « mal être, une impression d’être à côté de la plaque, de ne pas savoir faire ».

  • La compétence permet aux professionnels de produire de la performance car elle facilite la réponse aux situations de travail.

La logique humaniste demande aux professionnels de mobiliser leurs compétences de base mais aussi d’enclencher une démarche réflexive autour de la situation de travail rencontrée afin de la résoudre, de se permettre de faire autrement, d’oser penser différemment et de travailler autrement.

Travailler ainsi suppose de passer d’une culture hospitalière à une culture anthropologique où toute situation de soin est une situation anthropologique : «  L’homme est inséré dans son environnement, tissé de toutes sortes de liens symboliques » (MF Collière 1982).

De ce fait, la démarche de soin ne part pas des professionnels mais d’une coopération entre l’ensemble des professionnels impliqués (pas que soignant), la famille et le résident autour de l’objet de coopération : le prendre soin. Cette perception suppose que toute l’organisation déployée sera en corrélation avec l’individualisation de la démarche de soin et le niveau d’interpénétration souhaité par le résident.

Comprendre ainsi les situations de travail présuppose de concevoir l’organisation des professionnels autour des activités qui constituent le prendre soin, et de construire la collaboration de coopération autour de la complémentarité de l’ensemble des protagonistes professionnels, bénévoles, familles et résidents. Cela questionne le périmètre d’action des professionnels. Et ce qu’ont enclenché au cours de la formation et poursuivi à son issue les professionnels des Vergers avec le soutien de leur encadrement médical et paramédical.

Merci à l’ensemble des personnels des Vergers pour leur implication dans ce projet ambitieux.

Auteur : Anne-Sandrine CASTELOT

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